Fabrication - Distillation

Si la distillation n’est pas propre à l’armagnac, elle revêt, de Villeneuve-de-Marsan, à Eauze, en passant par Nogaro et jusqu’à Lectoure, des aspects extraordinaires, des temps d’échanges souvent inoubliables. La Gascogne et ses traditions gastronomiques, festives, ne sont sans doute pas étrangères à la chaleur qui entoure la distillation en Armagnac. Il n’y a pas si longtemps, lorsqu’au bout du chemin de la propriété apparaissait l’alambic ambulant du bouilleur de cru tiré par une paire de bœufs, la fête était déjà dans tous les yeux. Pour quelques jours, quelques semaines, on transformerait le vin de la récolte en eau-de-vie, instant magique et porteur de beaucoup d’espoirs.

On l’a compris, la distillation est un des moments forts de l’année. Après les vendanges, le temps est à la distillation de vins spécifiquement élaborés pour être distillés. La période de distillation court de novembre à mars (au plus tard) même si, depuis quelques années, cette période est régulièrement réduite par décret. Cette distillation est effectuée à la propriété (soit avec son propre alambic, soit avec la venue d’un distillateur ambulant qui se déplace de propriété en propriété) soit dans une distillerie. La quasi-totalité de l’armagnac est distillé en continu au contraire du cognac adepte de la double distillation.

L’alambic armagnacais, alambic continu, est un appareil en cuivre qui a été inventé par le Sieur Tuillère, à Auch, dans le Gers. Un brevet a été déposé en 1818. Depuis, de nombreuses améliorations ont été apportées par divers fabricants dans le Gers et les Landes notamment. On peut citer quelques grands fabricants comme Sier, Orthès, Gazagne… ou plus contemporain la Sofac à Condom, une société qui fabrique toujours de belles machines en cuivre pour l’armagnac mais aussi pour des distillateurs dans le monde entier.

La distillation, comme l’élaboration d’un vin, est un art. Chaque artiste, le distillateur, possède une technique, un savoir-faire, une expérience qui font de lui un acteur majeur de l’élaboration de l’armagnac. Chaque distillateur garde aussi quelques secrets qui feront la différence entre les eaux-de-vie. A la sortie de l’alambic, l’eau-de-vie incolore possède un degré alcoolique de 52 à 72% même si la moyenne est située entre 55% et 60%. L’armagnac, à ce stade, se caractérise par son fruité (prune et raisin) et son côté floral (fleur de vigne, tilleul). Il ne lui reste qu’à rejoindre le fût de chêne pour débuter le vieillissement.